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Place de la Bourse avec calisto-235 : de l'hôtel de Nevers au CAC40 !


LE QUARTIER

La place de la Bourse a été installée sur l’emplacement du couvent des Filles–Saint Thomas supprimé à la Révolution.

Le couvent abritait des dominicaines venues à Paris de Toulouse en 1626. S’étant fait construire le bâtiment situé à la limite de l’enceinte bastionnée, elles l’occupèrent à partir de 1642 et la chapelle fut terminée en 1715. Madame Doublet de Persan y tint un salon littéraire de 1732 à 1771 surnommé La Paroisse, une véritable curiosité du 18e siècle. Il était animé par Petit de Bachaumont, écrivain français élevé à la Cour par son grand-père, médecin du prince de Conti puis du Dauphin. Il en fit le centre des gazettes parlées de la capitale. Le salon fut fréquenté entre autres par Marivaux et la marquise du Deffand, célèbre épistolière française du 18e siècle.

Le couvent des filles Saint Thomas / gravure du 18e siècle

Autour de la place

En face de La Bourse, la rue de la Bourse a été percée à l'emplacement d'un des plus fameux théâtre du début du 19e siècel : le théâtre des Nouveautés qui fonctionne à cette adresse de 1827 à 1832. Berlioz à son tout début de carrière y fut choriste.

La façade du théâtre des Nouveautés, 27 rue Vivienne, face à la Bourse

La salle est ensuite occupée en 1832 par l’Opéra-comique, puis le théâtre du Vaudeville s'y installe jusqu’à la démolition du bâtiment en 1869. La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils pièce d’après son roman éponyme de 1848, y fut créée en 1852. Verdi s'en inspira pour sa Traviata, qui fut créée dès 1853.

Du Vaudeville il reste cependant la célèbre brasserie parisienne LE VAUDEVILLE qui fut la "cantine" de Louis de Funès, Alice Sapritch et Jacques Villeret.

La place de la Bourse était à son apogée une place grouillante de monde et Zola en décrit l'effervescence dans L'Argent, en 1891 :

Arrivant par les quatre coins, alors que la rue du quatre-septembre et la rue Réaumur n'ont pas encore été percées, un ballet fiacres et d'omnibus sillonne une grande place couverte de marronniers et de bancs1, parcourue de rumeurs et négociations, dans les commerces (papetier, pâtissier), banques, médias, cafés et restaurants disposés tout autour. Au milieu, les prestigieux coulissiers sont assis en arc de cercle, autour de l'horloge, sous les arcades du Palais Brongniart, tandis qu'une Bourse des pieds humides se tient de manière plus informelle mais tout aussi régulière dans le jardin en contrebas, pour l'échange des "titres déclassés". À l'intérieur du Palais Brongniart, le très convoité marché à terme de la corbeille, et un peu plus loin celui du comptant, moins recherché car il permet des gains moins rapides.

Suite à l'installation de nombreuses banques entre le boulevard des Italiens et la rue de Rivoli, le quartier est devenu le centre financier de Paris.

LE BÂTIMENT

En 1807, Napoléon 1er confie la construction d’un édifice à l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813). Il souhaite mettre en place un emblème de la puissance et de l’accomplissement auxquels la France est parvenue. En effet, les triomphes de l’empereur sur les champs de bataille développent un véritable commerce européen. L’empereur espère ainsi instaurer un ordre dans l’économie du pays en centralisant l’ensemble des échanges économiques.

Le 24 mars 1808, on pose de la première pierre du Palais de la Bourse.

A la mort en 1813 de Brongniart, les travaux sont arrêtés puis repris par son successeur Eloi Labarre. La Bourse est inaugurée en 1826, avant la fin des travaux, par Charles X en présence de Chabrol, préfet de la Seine.

Ce lourd édifice rectangulaire mesure 69 m de long sur 41 m de large. Les deux ailes qui lui donne son allure actuelle, n'existent pas encore. L'Empereur voulait un bâtiment ressemblant à un temple antique. Elle copie donc le temple de Vespasien de Rome. Le style néoclassique utilise les éléments de l'architecture gréco-romaine : grand péristyle de colonnes corinthiennes, frontons, portiques, proportions harmonieuses, etc., témoignant du néo-classicisme officiel de l'Empire.

La majesté du bâtiment de la Bourse contraste avec l'animation des Grands boulevards bordés de cafés et de théâtres et spectacles.

Victor Hugo en fait une description haute en couluers dans Notre-Dame de Paris (livre 3, chapitre 2) :

Quant au palais de la Bourse, qui est grec par sa colonnade, romain par le plein cintre de ses portes et fenêtres, de la renaissance par sa grande voûte surbaissée, c'est indubitablement un monument très correct et très pur. La preuve, c'est qu'il est couronné d'un attique comme on n'en voyait pas à Athènes, belle ligne droite, gracieusement coupée çà et là par des tuyaux de poêle. Ajoutons que, s'il est de règle que l'architecture d'un édifice soit adaptée à sa destination de telle façon que cette destination se dénonce d'elle-même au seul aspect de l'édifice, on ne saurait trop s'émerveiller d'un monument qui peut être indifféremment un palais de roi, une chambre des communes, un hôtel de ville, un collège, un manège, une académie, un entrepôt, un tribunal, un musée, une caserne, un sépulcre, un temple, un théâtre. En attendant, c'est une Bourse. Un monument doit en outre être approprié au climat. Celui-ci est évidemment construit exprès pour notre ciel froid et pluvieux. Il a un toit presque plat comme en Orient, ce qui fait que l'hiver, quand il neige, on balaye le toit, et il est certain qu'un toit est fait pour être balayé. Quant à cette destination dont nous parlions tout à l'heure, il la remplit à merveille ; il est Bourse en France, comme il eût été temple en Grèce. Il est vrai que l'architecte a eu assez de peine à cacher le cadran de l'horloge qui eût détruit la pureté des belles lignes de la façade ; mais en revanche on a cette colonnade qui circule autour du monument, et sous laquelle, dans les grands jours de solennité religieuse, peut se développer majestueusement la théorie des agents de change et des courtiers de commerce.

Les 4 statues des perrons

Elles sont installées entre 1851 et 1852 et représentent la Justice, le Commerce, l'Industrie et l'Agriculture.

  • La Justice Consulaire, par Francisque-Joseph Duret (1804-1865)

Placée à gauche de la façade principale du Palais Brongniart, elle est l’allégorie parfaite de la justice, représentée par la balance qu’elle tient dans la main gauche. Elle veille, surveille et conseille.

  • Le Commerce, par Alexandre Dumont (1801-1884)