Promenade littéraire entre Luxembourg et Odéon
Pour sa dernière promenade conférence de la saison, calisto-235 est allé fureter dans le lacis des rues entre jardin du Luxembourg et théâtre de l'Odéon. Une promenade dans la partie nord de Saint des Prés, offrant un autre visage que le Saint Germain des Prés des boulevards, du Flore, des Deux Magots, où l'on passe rapidement sur les destins de Sartre et de Simone de Beauvoir, où l'on oublie la trompette de Boris Vian et Juliette Gréco pour s'intéresser à une autre histoire et se souvenir que cet emblématique quartier parisien s'étend en réalité sur un territoire bien plus vaste délimité par :
les Jardins du Luxembourg au nor
la rue des Saint Pères, à l'est
la Seine, au sud
le boulevard St Michel qui marque la frontière du quartier latin, à l'ouest
Le quartier est ponctué de monuments qui en marquent le caractère institutionnel et l'inscrivent dans l'histoire d'une rive gauche intellectuelle et artistique.
Eglise Saint Germain des prés avec le palais abbatial (la place de Furstenberg est située dans l’ancienne cour du palais : un pilier surmonté d’un pot à feu rappelle l’entrée nord du monastère)
Eglise Saint Sulpice (avec sa fontaine décorée des statues des quatre grands orateurs chrétiens Bossuet, Fénélon, Fléchier, Massillon)
Le palais du Luxembourd (ancien palais de Marie de Médicis, siège du Sénat)
Réfectoire de l’ancien couvent des cordeliers
Ecole de médecine
Théâtre de l’Odéon
Hôtel de la monnaie
Ecole des Beaux arts
Institut de France
Au-delà du prestige qui s'est développé autour des cafés et brasseries rendus célèbres par la fréquentation de brillants intellectuels (suivre le lien Les riches heures de Saint Germains des Prés) : Lipp (151 Boulevard Saint-Germain), Le Flore (172 Boulevard Saint-Germain), Les deux magots ( 6 Place Saint-Germain des Prés), La Rhumerie (166 Boulevard Saint-Germain), Saint Germain des Prés, c'est aussi le quartier des éditeurs et des libraires.
Nous quittons donc les abords de la place Saint Germain des Prés, pour retrouver au nord, les grilles du Luxembourg que nous longeons pour atteindre la rue de Vaugirard où commence notre intinéraire.
Notre itinéraire
Départ : grilles du Luxembourg, bd Saint Michel
Hôtel Fontaines de Luxembourg
Au 4 rue de Vaugirard, ancienne demeure du 17e siècle qui hébergea Verlaine de 1889 à 1894. L’endroit a conservé un romantique patio, avec fontaine au lion. L’élégance de l’hôtel actuel (3***) ne reflète certainement pas l'atmosphère qu’a dû connaître le poète !
http://hotel-luxembourg.com/index.html
En longeant le Palais du Luxembourg, nous pouvons admirer la belle porte, seul vestige de l'ancien couvent des Filles du calvaire.

Musée du Luxembourg
Le Musée du Luxembourg a été le premier musée français ouvert au public en 1750, et est devenu à partir de 1818, le premier musée d’art contemporain. Son histoire est intimement liée à celles du Palais du Luxembourg, où il a d’abord été installé, et du Sénat, qui est à l’origine de la construction du bâtiment actuel en 1884.
Depuis 2000, le Musée du Luxembourg a renoué avec son histoire, le Sénat en assure à nouveau la gestion et se doit de mettre envaleur le patrimoine dont il est affectataire (Palais, Jardin, Musée).
Le Musée du Luxembourg s’est imposé comme l’un des principaux lieux d’expositions parisiens.
Hemingway en son temps venait y étudier les tableaux des impressionnistes. Il appréciait tout particulièrement Monet et Cézanne.
« Tous les tableaux étaient plus nets, plus clairs et plus beaux si vous aviez le ventre vide et vous sentiez creusé par la faim » (Hemingway, Paris est une fête).
Rue Férou
C’est dans cette très vieille rue de Paris qu’Alexandre Dumas fait habiter le mousquetaire Athos
Au n°6 : élégant hôtel particulier gardé par des sphinges. Hemingway et sa femme y occupèrent un appartement en 1927/28. Jean-Jacques Goldmann a racheté l’immeuble.
Au 4 rue Férou, près de la place Saint-Sulpice, un poème mural s'affiche sur 300m2, "Le Bateau Ivre" d'Arthur Rimbaud, qu'il a récité le 30 septembre 1871, sur cette même place, dans le restaurant Denogeant aujourd'hui disparu, ors d'un dîner des « Vilains Bonshommes »... Inaugurée le 14 juin 2012, cette initiative culturelle est due à des néerlandais de la Fondation TEGEN-BEELD, créée et animée par Ben WALENKAMP et Hetty LEIJDEKKERS, elle occupe le long mur d'enceinte de l'Hôtel des impôts ; cette reproduction présente une particularité : elle se lit de droite à gauche et non, comme le veut la règle, de gauche à droite.
Les Vilains Bonshommes est le nom d'un groupe d'artistes qui s'est formé à Paris, de 1869 à 1872. Le groupe se retrouvait lors des dîners des Vilains Bonshommes qui se tenaient périodiquement en différents lieux. Le passage de Rimbaud dans cette assemblée en 1871 et 1872 a donné aux Vilains Bonshommes une grande renommée.
Au n°2 bis : le vieil atelier encore intact de Man Ray (graffiti) qui y vécut avec son épouse de 1951 à sa mort. Eugène Pottier y aurait écrit l’Internationale dans les locaux du journal révolutionnaire l’Atelier.
Place Saint Sulpice
Construite autour de l’église la plus « littéraire » de Paris après Notre Dame. C’est ici que Victor Hugo se maria. Huysmans en fit l’éloge dans son roman En route. A l’intérieur de merveilleuses peintures de Poussin et la fameuse peinture énigmatique de Delacroix La Lutte avec l’ange, qui a longuement inspiré jean-Paul Kauffmann dans son essai éponyme.
Quartier de Catherine Deneuve, on y trouve aussi le café de la mairie lieu fréquenté de tous temps par les étudiants en lettre et les écrivains (Hemingway, Fitzgerald qui habitait au 58 rue de Vaugirard, Samuel Becket, Georges Perec qui s’y installa trois jours durant pour écrire Tentative d’épuisement d’un lieu parisien …)
« Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des finances , un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église à laquelle ont travaillé Le Vau ,Gittard , Oppenord , Servandoni et Chalgrin et qui est dédiée à un aumônier de Clotaire Il qui fut évêque de Bourges de 624 à 644 et que l'on fête le 17 janvier, un éditeur , une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d' autobus , un tailleur, un hôtel , une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens ( Bossuet , Fénelon , Fléchier et Massillon ) , un kiosque à journaux, un marchand d'objets de piété , un parking, un institut de beauté, et bien d'autres choses encore. » Georges Perec
http://www.desordre.net/textes/bibliotheque/auteurs/perec/saint-sulpice.html
Rue de l’Odéon
Percée vers 1780 suite à la création du théâtre de l’Odéon dont elle prend les noms successifs. Rue des libraires par excellence, bien connue des amateurs de livres anciens, elle est marquée par le bouillonnement des idées révolutionnaires.
no 4 : imprimerie du Cercle social où étaient édités différents journaux révolutionnaires tels "La Bouche de fer" de l'abbé Claude Fauchet ou le "Bulletin des Amis de la Vérité".
no 7 : Adrienne Monnier y fonde en 1915 sa librairie La Maison des amis des livres, à cette adresse.

Elle y accueille de nombreux écrivains et incite les poètes a y lire leurs textes : Paul Fort, Paul Valéry, Pascal Pia, Jules Romains, James Joyce, Louis Aragon, Ezra Pound, Charles Vildrac, Georges Duhamel, Ernest Hemingway, Jacques Lacan, Francis Scott Fitzgerald, Léon-Paul Fargue, André Gide, Walter Benjamin, Nathalie Sarraute, Valery Larbaud, André Breton, Jacques Prévert et des musiciens, notamment Francis Poulenc et Erik Satie.
Elle est voisine et compagne de Sylvia Beach qui déplace sa libraire Shakespeare & Company de la rue Dupuytren au n°12 de la rue de l’Odéon en 1921.
https://shakespeareandcompany.com/
https://shakespeareandcompany.com/35/history/95/sylvia-beachs-shakespeare-and-company-1919-1941

La libriaire se trouve désormais rue de la Bucherie dans le 5e arrondissement.

En 1922, elle publie la version originale de Ulysses de James Joyce. Adrienne Monnier publiera la première version française en 1929.

Sylvia Beach parle de James Joyce (doc Ina)
Au n°18 : au 5e étage vivaient Adrienne Monnier et sa compagne Sylvia Beach. Hemingway y fut invité de nombreuses fois.
Hemingway revint rue de l’Odéon le 25 août 1944 en jeep accompagné de soldats américains pour « libérer la rue » (c’était aussi le jour de son anniversaire). Il débarqua chez Sylvia Beach en tenue de commando couvert de sang. Il l’embrassa, réclama à manger et alla tirer quelques coups de feu sur le toit pour déloger un sniper nazi. Il annonça ensuite qu’il allait libérer les caves du Ritz dont il était un des habitués du bar. Le bar de l’hôtel porte désormais son nom !
Place de l’Odéon
Ouverte en 1779, elle donne accès à cinq voies qui convergent vers le théâtre inauguré en 1782. Son sol est classé en 1948 au titre des monuments historiques.
Le théâtre original est conçu comme point central d’un nouveau quartier aménagé par ses architectes Peyre et Wailly, à proximité du Luxembourg, demeure de monsieur, frère du Roi sur les terrains duquel sont conçu le bâtiment et son environnement.
La salle actuel résulte des reconstructions successives après plusieurs incendies.
Café Voltaire : Le numéro 1 de la place de l’Odéon, siège actuel du département de littérature des éditions Flammarion, fut occupé pendant plus d’un siècle par le célèbre Café Voltaire. Un lieu de rencontre de peintres et d’écrivains, d’hommes politiques et de journalistes. C’est l’endroit « où l’on boit, où l’on cause, où l’on rêve. » Il est permis d’y fumer le cigare (à l’étage), d’y jouer (à l’entresol), de passer des heures avec une consommation et les omelettes sont les plus réputées de Paris. Un lieu de liberté et de conversation, comme a su en susciter l’esprit français, où l’on peut croiser Gambetta, Verlaine, Delacroix, ou encore Mallarmé. Plus tard, la proximité du Mercure de France et de la librairie de Sylvia Beach y conduit Gide, Valéry, Larbaud et tous les Américains de Paris. Un lieu où les humeurs s’affichent, où les idées s’entrechoquent, où les goûts se révèlent. Un lieu pour disputer et se disputer, se souvenir, rêver : l’esprit de cette collection était déjà dans les murs, il ne nous restait plus qu’à le faire revivre.
La Méditerranée : En 1942, la Méditerranée ouvre ses portes et connait un succès international immédiat. Le lieu devient un incontournable de la vie Parisienne. Jean Cocteau, proche de Jean Subrenat, le propriétaire de l'époque, dessine le Logo original et Christian Bérard, célèbre artiste peintre, les décorations murales des salles. Aujourd'hui La Méditerranée perpétue la tradition et demeure le rendez-vous discret des personnalités des arts et des lettres les plus en vue. On y décerne, entre autre, chaque année dans ses salons particuliers, le Prix Médicis.
http://www.la-mediterranee.com/
Saint-Germain des Prés, tout comme Montmartre a donc été le quartier d’implantation des expatriés américains des années 1920. La rue et la place de l'Odéon en témoigne.
Ci-dessous un extrait de la note de recherche de Nicole Fouché : Les Américains en France, 1919-1939 : un objet d'étude pour les historiens de l'immigration. In: Revue européenne des migrations internationales, vol. 14, n°3,1998. pp. 159-170.

Les principaux écrivains évoqués
Verlaine
Hemingway
Alexandre Dumas
Arthur Rimabaud
Georges Perec (1936-1982)
Jean-Paul Kauffmann (né en 1944)
James Joyce (1882-1941)
Jean Cocteau
Liste des principales œuvres citées
Paris est une fête, Hemingway :
Écrit entre 1957 et 1960, l'auteur y témoigne de ses premières années d'écrivain désargenté à Paris dans les années 1920. Jeune journaliste, il abandonne son travail pour essayer de vivre de son écriture. Il arrive dans la capitale française avec Hadley Richardson, sa charmante épouse ; le couple vit d'amour et de vin frais... Mais Hemingway élargit très vite ce cadre aux allures de conte bleu. Les personnages et surtout les personnalités apparaissent : on rencontre la collectionneuse Gertrude Stein qui tâche de régner en prophétesse des destinées artistiques sur le petit monde des bohèmes américains de Paris ; le poète Ezra Pound que ses enthousiasmes généreux conduisent aux pires erreurs ; ou l'écrivain américain Francis Scott Fitzgerald, fou et charmant, qui entraîne le narrateur dans un aller-retour pour Lyon aux rebondissements étonnants...
Hemingway prévient ainsi son lecteur en préambule : « Ce livre peut être tenu pour une œuvre d'imagination. Mais il est toujours possible qu'une œuvre d'imagination jette quelque lueur sur ce qui a été rapporté comme un fait. » (Préface)
Le livre déborde d'amour pour la ville de Paris vers laquelle il revint à de nombreuses reprises. C'est également un émouvant hommage à son premier amour, Hadley, qui apparaît délicieuse. Leur histoire passée est rapportée avec une belle tendresse et beaucoup de nostalgie pour cette passion exubérante et le livre se clôt sur le prélude de la rupture qui va séparer les époux.
Woody Allen s'est inspiré du livre Paris est une fête pour écrire le scénario du film Minuit à Paris (Midnight in Paris) sorti en 2011
Le Bateau ivre, Arthur Rimbaud
Le vers "Les yeux horribles des pontons" nous semblent obscur comme beaucoup d'autres images du poème. Il s'agit d'une référence à la Commune de Paris. On sait en effet qu'au lendemain de la semaine sanglante (21-28 mai 1871), ceux qui n’avaient pas été fusillés par les Versaillais furent entassés dans ces prisons flottantes qu’étaient les "pontons". En terminant son texte sur cette allusion très politique, Rimbaud ne laisse aucun doute sur sa volonté d’en éclairer le texte tout entier.
Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Georges Perec (1975)
La Lutte avec l’ange, Jean-Paul Kauffmann (2001)
Ulysse, James Joyce (1922)
C’est Valery Larbaud, qui le présente au Tout-Paris littéraire, après son installation de 1920. Il fait ainsi connaissance de Sylvia Beach qui publie l’édition originale d’Ulysse en 1922 et Adrienne Monnier qui en publie la traduction française en 1929 chez Maurice Darantière. Le livre lui cause de nombreux ennuis avec les censeurs anglophones.
Ulysse (Ulysses, en anglais), est considéré comme un chef-d'œuvre et permet la consécration littéraire de Joyce. Il s'agit d'un roman expérimental, dont chacun des épisodes ou chacune des aventures est créée avec une technique littéraire propre : les chapitres sont écrits de manière journalistiques, théâtrales, scientifiques, etc. Ils se focalisent sur le monologue intérieur et le « stream of consciousness ».
Ulysse est un roman plein de symbolisme, dans lequel l'auteur joue avec la langue. Ses attaques contre les institutions, principalement l'Église catholique et l'État, sont constantes et nombre de ses passages jugés par leurs contemporains inacceptables et obscènes.
Inspiré de l’Odyssée d'Homère, le roman explore le 16 juin de 1904 la vie de trois Dublinois de classe moyenne inférieure : le Juif Leopold Bloom, qui erre dans les rues de Dublin pour éviter de retourner à son domicile, car son épouse, Molly (second personnage), lui est infidèle, et le jeune poète Stephen Dedalus, qui est l'auteur lui-même. Ulysse est un portrait psychologique de la première moitié du vingtième siècle.
À cette époque, en mai 1922, il rencontre Marcel Proust. À partir de 1923, Joyce commence son Work in Progress (aidé de Samuel Beckett), dont il devait faire paraître pendant plus de quinze ans de nombreux fragments dans Transition, soit sous forme de plaquettes (notamment Anna Livia Plurabelle en 1928), avant la publication complète sous le titre de Finnegans Wake, simultanément à Londres et à New York en 1939
Joyce voyage souvent en Suisse pour des opérations des yeux et des traitements pour Lucia atteinte de schizophrénie. À Paris, Maria et Eugene Jolas nourrissent Joyce pendant les longues années où il écrit Finnegans Wake. Sans leur indéfectible soutien (et aussi sans le soutien financier d'Harriet Shaw Weaver), il est probable que ses livres n'auraient jamais été finis et publiés. Dans leur magazine littéraire Transition, aujourd'hui légendaire, les Jolas publient sous forme de feuilleton plusieurs sections du roman de Joyce sous le titre Work in Progress (Travail en cours). Finnegans Wake n'est pas bien accueilli par la critique, même si de grands critiques comme Harold Bloom, l'ont défendu. Dans ce roman, le « style » est poussé à l'extrême, à l'absurde : le langage obtenu par voie expérimentale, et sans restriction à partir de l'anglais courant devient une langue difficilement compréhensible. Pour sa composition, Joyce utilise le mélange d'une soixantaine de langues différentes, des mots peu courants et de nouvelles formes syntaxiques.
En 1931, cédant aux incessantes demandes de sa fille et de son père, Joyce épouse sa compagne Nora Barnacle, avec qui il a vécu près de trente ans. Il retourne vivre à Zurich après l'occupation de la France par les nazis en 1939.
EN SAVOIR PLUS
La Génération perdue. Des Américains à Paris, 1917-1939 / Vincent Bouvet
Les années parisiennes d'Anaïs Nin, Miller ou Man Ray... Un texte érudit, somptueusement illustré.
En 1921, Ezra Pound est l'un des premiers Américains à s'installer à Paris, convaincu d'y trouver « un sérum poétique pour sauver les lettres anglaises de la sénilité et les lettres américaines d'une décomposition prématurée ». Sur une photo prise dans le 6e arrondissement, on voit, réunis autour de lui, Joyce, le collectionneur new-yorkais John Quinn et Ford Madox Ford. Ils seront bientôt rejoints par Man Ray, Mina Loy, Anaïs Nin... Des années 1920 à 1950, Paris est la capitale culturelle du monde occidental, aimantant les expatriés anglo-saxons séduits par les cafés, les librairies de Montparnasse et du Quartier latin.
Gertrude Stein parle de « Génération perdue », pour désigner Hemingway, Miller, Fitzgerald, Dos Passos ou Durrell, venus à Paris oublier la crise de 1929 et la guerre. Ce somptueux livre reflète ces années en noir et blanc où Paris était une fête, et 180 photos, signées Atget, Brassaï, Cartier-Bresson ou Gisèle Freund, accompagnent son texte érudit. Entre les terrasses du Dôme et de la Coupole, la librairie d'Adrienne Monnier, l'atelier de Brancusi et le Dingo Bar de la rue Delambre, la promenade fait rimer magie et nostalgie. — Christine Ferniot
La Génération perdue. Des Américains à Paris, 1917-1939, de Vincent Bouvet, éd. Cohen & Cohen, 300 p.
Passage de l'Odéon. Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-deux-guerres / Laure Murat
En 1915, Adrienne Monnier inaugure au 7, rue de l'Odéon une librairie-bibliothèque de prêt d'un genre nouveau, La Maison des Amis des Livres, appelée à devenir le rendez-vous favori du Tout-Paris littéraire, d'Aragon à Walter Benjamin, d'André Gide à Nathalie Sarraute. En 1921, Sylvia Beach installe en face, au n°12, une boutique fondée deux ans plus tôt sur le même modèle, Shakespeare and Company, dont les habitués ont pour noms Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald, Marianne Moore, Ernest Hemingway, Djuna Barnes... De rencontres en lectures publiques, d'expositions en soirées musicales, l'«Odéonie» va constituer l'un des foyers les plus actifs de la vie culturelle de l'entre-deux-guerres, dont la renommée franchira les frontières de la France avec la publication de Ulysse de James Joyce, édité en 1922 par les soins de Sylvia Beach, puis traduit et publié en français en 1929 grâce à Adrienne Monnier. Laure Murat évoque avec brio ce lieu mystique où, par la grâce de deux libraires, s'est joué, trente-cinq ans durant, le répertoire vivant des idées.
Passage de l'Odéon. Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-deux-guerres, de Laure Murat, éd. Gallimard, collection Folio, 512 pages + 16 p. hors texte,

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