Deux classes de l'école Jean Jaurès voient "Suites curieuses" au Théâtre de Saint Quen
Ce vendredi 6 janvier 2017, calisto-235 accompagnait deux classes de l’école Jean Jaurès au Théâtre de Saint Quentin en Yvelines dans le cadre du projet TALES MUSIC & MORE mené depuis le mois d’octobre dans les classes de CE2 (classe de madame Lacroix), CM1(classe de madame Doucène), CE2-CM2 (classe de madame Feuvrier) et CM2 (classe de madame Vacher). Nous allions voir « Suites curieuses » chorégraphie.
Le projet TALES MUSIC & MORE a pour but d’écrire un conte à 4 voix, chaque classe se chargeant d’une partie de l’histoire. Chacune d’elle est ensuite amenée à penser à une mise en espace (scénographie –accessoires, masques, costumes, etc.) puis à créer une mise en scène (chorégraphique et théâtrale). Les intervenants sont chargés de guider la création des enfants auprès des professeurs et de les articuler pour la restitution finale.
La partie écriture s’est faite au premier trimestre avec l’intervention dans les classes de Claudine Guittet (Cie Vue sur scène) et les enfants ont déjà assisté à un premier spectacle autour du conte « Jack et le haricot magique » avec l’ensemble baroque La Rêveuse (Festival « NOMADE, musiques en liberté », 24 et 25 novembre).
Voir des spectacles basés sur le conte et le monde de l’enfance nous semblait essentiel pour mener à bien cette expérience d’écriture contée et théâtralisée. Chaque spectacle propose en effet une approche différente : marionnettes et musique baroque pour « Jack et le haricot magique », danse et montage vidéo pour « Suites curieuses », récitant et orchestre jazz pour le « Carnaval Jazz des animaux » d’après Saint Saëns que nous verrons avec les CE2 et les CM1 en février.
Ces exemples permettront aux enfants de construire leur propre restitution sur scène avec une « œuvre collective » qui sera plus proche de la performance et de l’expérimentation que d’un spectacle réellement abouti qui demanderait de très longs mois de préparation.
Cette expérience de création devra permettre aux enfants de comprendre les mécanismes de construction d’un projet théâtral mettant en jeu plusieurs collaborateurs, différentes approches, la difficulté de gommer l’individuel au profit de la pâte collective, l’ardu travail d’écriture, les exigences de l’adaptation, la traduction gestuelle, visuelle et sonore qui doit être à la fois fidèle et terriblement restrictive puisque soumise à quelques choix sur une multitude de possibilités.
Aujourd'hui, nous étions en route pour découvrir un spectacle de danse à partir du célèbre Petit Chaperon rouge.
Les « Suites curieuses » chorégraphiées par Hélène Blackburn sont fabuleuses et d’une incroyable richesse. Parlons d’abord de la virtuosité du langage chorégraphique qui ponctue le conte. Les danseurs sont au service d’une danse étourdissante comme une formule magique, explicite dans ses répétitions allant jusqu’au lancinant, proche parfois du langage des signes : ici on ne parle pas, on ne lit pas, on ne réite pas, on danse et c’est le corps qui s’exprime !
La bande son est un savant patchwork à partir d’une comptine, des Children’s corner de Debussy et d’extraits de l’Apprenti sorcier de Paul Dukas. Le tout est mixé, tissé, rythmé en un rebondissant paysage sonore réinventé où la réappropriation évoque cette écoute de l’enfance qui saisit des bribes, les amalgame avec son univers. Rien de jamais figé : on passe d’une évocation à l’autre avec en fil rouge ce train qui semble matérialiser le temps qui passe, ou les chapitres de l’histoire.
Quel est ce grand -méchant-loup qui avale goulûment la grand-mère en commentant son forfait d’un « c’est la vie ! » sauvage et résigné ? Quel est ce grand-méchant-loup contre lequel se défend si bien un petit chaperon rouge qui oscille entre grande-ado hermaphrodite et femme fatale mangeuse de loup ?
Mais si le loup finit par l’avaler, il en conçoit de terribles brûlures d’estomac, si intenses qu’il finit par rejeter ce petit, tout petit chaperon rouge à la silhouette bien inoffensive…
Ce grand-méchant-loup-là n’a aucune pitié de la vieille mère-grand mais la jeunesse du petit chaperon rouge lui est indigeste.
Ce grand-méchant-loup-là n’est-il pas la mort ?...

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