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Balade parisienne : du carrefour de la croix du trahoir à la rue Beaubourg, une évocation du passé g


1 - Rue de l’arbre sec / carrefour de la croix du Trahoir

Pendant plusieurs siècles, il a été un des carrefours les plus animés de Paris.

Il doit son nom Trahoir, anciennement tiroir, à ce que l'on tirait les étoffes sur la place.

La place comportait une croix d'origine très ancienne pour favoriser les dernières prières des condamnés. Elle a été détruite en 1789. Son soubassement en pierre avec des degrés servait d'étal à des bouchers et marchands de légumes. Le carrefour, entre Louvre, Palais-Royal, Hôtel de Soissons et halles de Paris, très populeux et commerçants justifie la créationi d'une station de chaise à porteurs en 1639.

A l'angle de la rue Sauval et de la rue Saint Honoré s'élèvait la maison natale de Jean-Baptiste Poquelin, dite maison aux singes.

La première fontaine de la Croix-du-Trahoir a été construite par Jean Goujon à l'initiative de François Ier en 1529. Elle a été reconstruite en 1606 puis déplacée de quelques mètres en 1636 pour améliorer la circulation dans la rue Saint-Honoré. Jacques-Germain Soufflot, chargé de la rebâtir en 1775, hérita d'une fontaine en très mauvais état. Il l'inscrivit dans un édifice polygonal situé à l'intersection des rues de l'Arbre-Sec et Saint-Honoré et confia à Boizot la sculpture de la nymphe qui apparaît rue Saint-Honoré. Un mascaron permet à l'eau de la fontaine de s'écouler.

Des exécutions capitales ont eu lieu à ce carrefour jusqu'en 1698. On y trouvait une roue de supplice pour servir d'exemple aux passants et une potence, parfois assimilée à l'« Arbre sec ». C'est toutefois une erreur, car l'Arbre sec est un arbre mythique des récits de Marco Polo, parfois assimilé au Chêne de Mambré de l'Ancien Testament.Notamment celle des faux-monnayeurs qui pullulaient dans le quartier aux abords de la maison où l'on fabriquait la monnaie. Des luthériens y ont aussi été brûlés vifs le 21 janvier 1535. Jusqu'en 1739, on y coupait les « oreilles des serviteurs indélicats ».

C'est là qu'a lieu l'arrestation de Pierre Broussel, conseiller au parlement de Paris, surnommé le « père du peuple », le26 août 1648. C'est un épisode marquant du début de la Fronde. Ce carrefour sera aussi le centre d'une répression sanglante, puis des barricades élevées jusqu'à la libération du conseiller. C'est la journée des barricades du 27 août 1648.

2 – Impasse des Bourdonnais (ancienne impasse de la Fosse-aux-chiens)

Cet endroit, était très anciennement une voirie (les voiries étaient des dépôts publics, ou particuliers, d'ordures ménagères, d'immondices, de matières fécales humaines et animales et d'animaux morts) hors de la seconde enceinte de Paris qui se nommait place du Marché-aux-Pourceaux, Fosse aux Chiens ou Fosse-aux-Chieurs. Elle servait donc de dépôt de boues, de charognes et autres immondices du quartier et de marché aux porcs.

C'était un lieu patibulaire où des faux-monnayeurs furent condamnés à mort par ébouillantage et des sorcières brulées vives en 1319.

Impasse des Bourdonnais vers 1853, vue depuis la rue de la Limace (cliché de Charles Marville)

3 – Rue Courtalon (source : site Paris à nu)

En 1684, dans le quartier des Halles, la rue Courtalon est le théâtre d’un fait divers macabre : on signale la disparition de 26 jeunes gens âgés de 17 à 25 ans. (photo Jan Clod.site du Routard Paris). Les hypothèses les plus farfelues circulent dans une population affolée. L’affaire fait grand bruit et arrive aux oreilles de Louis XIV qui demande à la Reynie, premier lieutenant général de police de Paris de s'occuper de l'affaire. La Reynie confie l’enquête au policier Lecoq son meilleur limier.

Il se trouve que Lecoq a un fils qui à l’âge des disparus ; il lui propose de jouer le rôle d’appât. Le garçon est si vif et intelligent qu’on la surnommé dans son quartier, l’Eveillé.

Quatre jours se passent sans aucun résultat. C’est aux tuileries, le cinquième jour, que le jeune homme aperçoit une jeune fille d’une grande beauté accompagnée de sa duègne. Il engage la conversation, on lui répond de manière encourageante.

On lui raconte que la jeune demoiselle est la fille naturelle d’un prince polonais et d’une mercière de la rue Saint-Denis, que son père, rappelé par le roi de Pologne, est mort en route assassiné par des brigands, que sa fortune – immense – est restée à sa protégée.

Alerté , l’Eveillée se fait passer pour le fils d’un riche médecin et rendez-vous est pris pour le soir, même à 21 heures devant l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Le jeune homme prévient son père, et à l’heure dite file à son rendez-vous. Le soir la vieille femme est là, elle lui saisit la main et l’entraîne après mille détours - suivie discrètement par Lecoq et ses agents - rue Courtalon. Elle introduit le garçon auprès de la jeune fille qui se fait appeler la princesse Jabirowska. La « princesse » apparaît, vêtue d’un fantastique déshabillé. Subjugué par l’irrésistible jeune fille, le jeune homme en oublie sa mission. Après un certain temps elle lui dit : « Attends moi un instant ». Et elle disparaît dans un bruissement de soie par une porte au fond.

Ce moment de répit permet à Léveillé de reprendre ses esprits. Un paravent attire son attention. Il l’écarte et il découvre dans l’armoire qu’il cachait les têtes momifiées de jeunes gens. Au même moment la fenêtre s’ouvre brusquement et le père Lecoq suivi de ses agents entre dans la pièce. Il était temps : la fausse princesse revenait avec quatre hommes armés. Les bandits furent désarmés, arrêtés et conduit au Grand Châtelet.

L’interrogatoire mené par la police permet de comprendre le macabre stratagème : une bande utilisait les charmes d’une belle anglaise pour attirer les jeunes gens rue Courtalon. Des complices les trucidaient puis revendaient les têtes embaumés en Allemagne pour des études anatomiques. Quant aux corps, on les vendait à des étudiants en médecine.

La fausse princesse, la duègne et leurs complices furent jugés et pendus.

photo Jan Clod.site du Routard Paris

Crédits photographiques : Jan Clod

4 – Rue de la Ferronnerie

On évoque la rue de la Ferronnerie dès 1229. Plus anciennement connue comme la rue de la Charronnerie ou rue des Charrons, elle prit son nom quand Saint-Louis permit aux ferronniers de s'y établir.

Au niveau des n°8-10, on trouve une plaque commémorative de l'assassinat du roi Hanri IV : "En ce lieu, le roi Henri IV fut assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610."