Balade parisienne ésotérique et insolite dans le quartier Saint Merri (quartier de l'horloge)
Revivez votre balade avec calisto-235 dans le Paris ésotérique du quartier Saint Merri, quartier de Gérard de Nerval.
Maison de Nicolas Flamel, 51 rue de Montmorency
La maison de Nicolas Flamel, aussi connue comme « le grand pignon », est une habitation située au 51 rue de Montmorency, dans le 3e arrondissement de Paris.
Il s'agit d'une maison que Nicolas Flamel, riche bourgeois parisien, fit construire après la mort de sa femme Pernelle, en 1397, pour accueillir les pauvres. Terminée en 1407 comme en atteste l'inscription courant en frise au-dessus du rez-de-chaussée, c'est la plus connue des maisons de Flamel et la seule qui existe encore aujourd'hui. Ce dernier n'y a jamais habité. S'il est impossible d'assurer qu'elle est la plus ancienne de Paris, elle est assurément la plus ancienne qu'on puisse dater. Nicolas Flamel écrivain public, copiste et libraire-juré3 est surtout connu par la légende ultérieure qui en fit un alchimiste et attribua sa fortune à la découverte de la pierre philosophale.
Description
La façade qui comporte quatre niveaux est dénaturée par des altérations successives, notamment par la restauration intervenue à l'occasion de l'exposition universelle de 1900 (perte du grand pignon qui lui a donné son nom, fenêtres reprises).

Six gros piliers en calcaire blond de Paris en délimitent la façade et portent le linteau. Un avant-bras, sculpté sur le côté gauche du linteau, sort d'une nuée et déroule un long phylactère qui porte la supplique, que Nicolas Flamel y fit graver : Nous, hommes affranchis laboureurs demeurant au porche de cette maison qui fut faite en l’an de grace mille quatre cent sept, nous sommes tenus chacuns de dire tous les jours un "Pater noster " et un "Ave Maria " en priant Dieu que dans sa grace il pardonne aux pauvres pécheurs trépassés. Amen.

Cette supplique nous éclaire sur les priorités de Nicolas Flamel et de l'homme médiéval : le monde d'en haut, par opposition au monde matériel, est le plus important. L'Esprit prédomine sur la matière qui "de terre est venue et en terre retourne". Priorité est donc donnée au monde invisible, à l’esprit et à la prière.
Quatre anges musiciens encadrent le haut de la porte d'entrée, jouant du luth, de l'orgue portatif, de la harpe et d'un instrument non identifié. La musique étant le symbole de l'harmonie régnant entre les choses, ils nous rappellent que chacune de nos actions doit être harmonieuse de celles des autres, l'ensemble formant le concert de la Création.
L'hostellerie, dans son rôle d'accueil des déshérités, concourt à l'harmonie en permettant aux hommes en difficulté matérielle de garder leur statut d'homme à part entière. Là est le fondement métaphysique de la charité et la justification de l'inscription sur le phylactère de la façade.
Les deux portes latérales correspondaient jadis à des boutiques, tandis que la porte centrale permettait d'accéder aux étages par une cage d'escalier circulaire. Sur deux jambages figurent les initiales de Nicolas Flamel et sont ornés de sculptures gravées dans des cadres en anse de panier. Elles représentent des personnages tenant des phylactères ou assis dans des jardins.
Enfin, à droite de la façade un bas-relief montre une scène champêtre : un homme portant une longue barbe, signant son âge avancé, est assis au pied d'un arbre. Une palissade en osier tressé délimite ce jardin où des brins d'herbes sont représentés. L'homme, encapuchonné, penche sa tête sur un grand livre qu'il tient ouvert sur ses genoux. Nicolas Flamel se fait-il représenter en tant qu'escrivain, rappelant sa profession ? Vient-il de découvrir le livre des figures hiéroglyphiques d'Abraham le juif ? Se montre-t-il en étudiant de la Nature ?

La ville de Paris décida une restauration en 1900 et fit fixer une plaque commémorative mentionnant "pour conserver le souvenir de leur fondation charitable".
La façade de la maison a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 23 septembre 1911.
Cette hostellerie, réhabilitée en 2003, abrite encore aujourd'hui, le restaurant Nicolas Flamel au 51 de la rue de Montmorency.
Sources : contact paris 75003
En savoir plus :
Catherine Brut et Valentine Weiss, La maison de Nicolas Flamel. La plus ancienne demeure conservée de Paris in : Dossiers d'Archéologie, N° 371, septembre-octobre 2015, p. 50-54
Horloge à automate
L’horloge à automates réalisée par Monestier justifie avec bonheur le nom du quartier. Placé en hauteur afin d’être vu de tous, trône le défenseur du temps. Perché sur un rocher abrupt, cet homme colossal en bronze doré, armé d’un glaive et d’un bouclier lutte heure après heure contre l’un des trois éléments symbolisés par un animal : le crabe pour la mer, le dragon pour la terre et le coq pour l’air.
Quelques instants avant l’heure, le bruit du déferlement des vagues de la mer, le souffle du vent ou les grondements de la terre indiquent au défenseur l’animal contre lequel il devra se battre. A l’heure pile, le combat s’engage. A 12h et à 17h, les trois animaux attaquent en même temps offrant un spectacle grandiose.
Lorsque la convention tripartite fut signée en 1972 entre la Ville de Paris représentée par la SEMAH, la Cogedim (promoteur immobilier) et les associations de quartier, que restait-il du petit quadrilatère compris entre les rues Saint-Martin (à l’ouest), Rambuteau (au Nord), Grenier-Saint-Lazare (au sud) et Beaubourg (à l’est). Rien, tout avait disparu emporté par la nouvelle ZUP (zone d’urbanisation prioritaire) des anciennes Halles qui comportait 43 ha et demi dont les 2 ha et demi du Quartier de l’Horloge.
C’était un ensemble très ancien et très modeste et un îlot avait été frappé de démolition à cause de l’insalubrité de ses logements, le reste ne valant guère mieux. Ruelles et impasses sombres et étroites ne cachaient que difficilement des taudis où se dissimulait mal une extrême misère. Il s’agissait donc de tout démolir pour reconstruire à la place un ensemble d’immeubles neufs. Le Conseil de Paris en décida ainsi en 1966 à la suite de la décision du transfert des Halles à Rungis et le quartier de l’Horloge fut inauguré au mois de novembre 1979.
Les commerçants, les artisans, et les habitants du quartier prirent peur, craignant avant tout d’être relogés dans de lointaines banlieues. Les gens étaient profondément attachés à leur quartier et ne souhaitaient nullement le quitter. Une " fédération associative " se créa au sein du quartier qui ne pouvait être ignorée. Cette mobilisation permit d’introduire un programme de logements sociaux, aujourd’hui gérée par les 3F. Une autre partie comporte des logements individuels privés.
La grande spécificité du Quartier de l’Horloge est d’être un espace totalement privé : non seulement le bâti mais aussi les rues (celles-ci sont toutefois ouvertes au public). Cela a principalement deux conséquences :
- le Quartier échappant aux normes applicables aux voies publiques, tout y est dérogatoire. Par exemple, les camions de pompiers ne peuvent circuler dans les rues du Quartier car ces dernières ne répondent pas aux normes nécessaires pour la circulation de véhicules de fort tonnage.
- l’ensemble de l’entretien des logements mais aussi des rues est à la charge des propriétaires. L’ouverture des voies publiques aux passants entraîne une dégradation accélérée.
L’importance des charges supportées par les propriétaires incitent beaucoup d’entre eux à vendre. Face à cette situation, la Mairie soutient la proposition des associations du quartier pour obtenir une municipalisation de l’espace privé ouvert au public c’est-à-dire des voies.
Sources : http://www.mairie3.paris.fr
Passage Molière et maison natale de Nerval
Le passage Molière doit sa création à l’ouverture du théâtre Molière en 1791. L’entrée des artistes s’y effectuait, à l’abri des regards du public. Aujourd’hui cette entrée a laissé place à la Maison de la Poésie, haut lieu de culture et de représentation de la vie parisienne. Avant de revenir à ses origines, cette petite voie piétonne de moins de 50 m s’est nommée le passage des Sans Culottes puis celui des Nourrices (car construit sur un ancien bureau de nourrices). De sa création initiale il ne reste désormais que le théâtre et sa salle dans l’actuelle Maison de la Poésie.
Né le 22 mai 1808 rue Saint-Martin, au n°96 (actuellement n° 168), baptisé le 23 mai à l'église Saint-Merri, Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, constitue l'une des figures les plus célèbres et les plus émouvantes de ce très ancien quartier de Paris. Le quartier de l’horloge a été le théâtre de ses nombreuses déambulations qui se terminent un soir de janvier 1855 quand il se pend rue aux barreaux d’une grille de la rue de la Vieille Lanterne (petite rue disparue parallèle au quai de Gesvre aboutissant à la place du Châtelet (emplacement probable du Théâtre de la Ville).
En descendant au bar du théâtre de la Ville. Une plaque évoque la pendaison restée mystérieuse, en 1855, du poète.

Il part en Orient de décembre 1842 jusque dans les derniers mois de 1843. En 1851, il fait paraître son Voyage en Orient, (ses premiers écrits sur l’Orient, tenant du récit de voyage, sont édités sous forme d’articles, dès 1844) aspiré comme beaucoup d’artistes de son siècle, par cet Orient fantasmé, qui répond au rêve romantique d’un ancien âge d’or préservé jusqu’à lui. Dans une letter au docteur Blanche de 1853, il dit avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie. Il affirme aussi être devenu « refit », un des grades les plus élevés de la confrérie, confirmant par-là même l’intérêt de son siècle pour l’ésotérisme. Né de plus non loin de la maison de Nicolas Flamel, il est fortement inspiré par sa légende et écrit au tout début de sa carrière une série d’écrits autour de ce sujet dont une pièce Nicolas Flamel, inachevée.
Outre ces écrits directement inspirés de la légende alchimiste, toute son œuvre en est teintée d’ésotérisme et de symboles.
En savoir plus sur « Gérard de Nerval et la légende de Nicolas Flamel » cliquer ICI
Saint Merri, l’église du diable
Eglise fort ancienne, commencée en 1520 et achevée en 1612, elle présente un aspect étonnamment gothique difficilement admirable tant il se trouve écrasé par les rues qui l’encadrent. Une étrange sculpture domine le portail.

Cette étonnante pierre sculptée d’une trentaine de centimètres de haut montre un personnage androgyne. Cette étrange figure, masculine par son sexe en érection et féminine par sa poitrine s’offre au regard dans une position classique pour les géomanciens (la géomancie est une technique de divination), à savoir en X. Un sourire inquiétant irradie son visage tandis que se détachent derrière le personnage deux ailes dentées, proches de celles d’une chauve-souris.
La sculpture est composée de trois calcaires différents, rouge, jaune et blanc.
Qui représente donc cette étrange figure, surplombant une église ordinaire ? Beaucoup, dont du reste Robert Ambelain, grand maître de la loge Memphis-Misraïm ont interprété cette sculpture comme étant une représentation du Baphomet, figure divine adorée par les Templiers. C’est également la thèse de Martin Garay[1], historien de la Capitale. Un fait milite en la faveur de pareille interprétation : en 1870, Louis de Ronchaud, directeur de l’Ecole du Louvre, rendit un rapport dans le cadre d’une étude sur l’Inventaire général des richesses nationales et affirma que cette sculpture était d’origine, et non rajoutée en 1842 lors de la restauration de l’église, comme certains l’avaient affirmé ; l’incongruité de la présence d’une sculpture aussi peu catholique trouvait alors une explication dans la proximité temporelle et même géographique avec les Templiers, tant le quartier fut, au XVè siècle, réputé pour son activisme occultiste.
Un symbole n’est jamais esseulé et Saint Merri ne fait guère exception à la règle ; si l’église est placée sous le patronage de cet inquiétant Baphomet au sexe turgescent, et aux cornes souvent attribuées au Diable, il nous faut nous mettre en quête de quelque symbole sexuel au même endroit et c’est fort naturellement que nous trouvons sous la voussure de la façade de l’église un… escargot, symbole par excellence de la régénération et du sexe : analogie parfaite de la vulve et de la bave[2] selon Jean Chevalier. Symbole hermaphrodite, comme son congénère du baphomet, il évoque la régénération : le printemps venu, il sort de sa coquille en brisant la membrane constituée de salive qu’il avait constituée pour l’hiver. De surcroît, l’escargot est un symbole lunaire, en raison même du caractère de régénération périodique que nous venons de voir ; il ne serait donc pas surprenant de trouver, dans l’église, d’autres symboles évoquant la présence lunaire.
La rosace septentrionale montre des croissants lunaires symbolisant le « retour des formes »[3], et s’intégrant parfaitement à l’idée de régénération infinie, trouvée chez l’escargot.
Au-delà de ce symbolisme lunaire de l’éternel retour, il nous faut pousser le regard légèrement au-dessus de cette rosace étrange, afin de découvrir un pentagramme inversé, c’est-à-dire avec la pointe vers le bas. « D’une façon générale, écrit Jules Boucher, le Pentagramme avec une seule pointe en haut est considéré comme actif et bénéfique ; on y inscrit l’homme avec la tête et les quatre membres aboutissant à ses extrémités. Le pentagramme inversé, avec deux pointes en haut est considéré comme passif et maléfique ; certains occultistes, en mal de démonialité, y ont inscrit une tête de bouc, emblème des instincts de l’animalité. » [4] Le Baphomet, dont certains voient en lui une figure diabolique, semble ainsi annoncer que la demeure qu’il protège, loin d’être celle de Dieu, serait bien plutôt celle du diable, comme en témoigne la présence incompréhensible de ce pentagramme inversé, en plein cœur du transept septentrional.
Ce pentagramme est inscrit vers le septentrion. Selon le livre Bahir (ou Livre de la Clarté, datant du 12e siècle, qui développe un système de mystique juive s’apparentant au gnosticisme et s’inscrit dans le mouvement mystique de la Kabbale, tradition ésotérique du judaïsme), le mal et Satan se tiennent très précisément au Nord, vers l’étoile polaire, et c’est du Nord que provient tout principe maléfique. La présence du Baphomet à l’entrée peut donc être interprétée comme l’annonce d’un lieu non plus dédié à Dieu mais au Malin. Louis Pauwels, par exemple, dans le fort célèbre Matin des magiciens, insiste longuement et à plusieurs reprises sur l’importance du Nord pour les confréries ésotériques, comme la société Thulé, société qui prit pour nom une île mythique disparue, située quelque part dans l’extrême Nord [5]. Les nazis auraient monté une expédition, durant la seconde Guerre Mondiale afin de retrouver les traces de cette île qui leur aurait octroyé les forces de la victoire.» [6]
Les vitraux des fenêtres hautes du chœur, seraient alchimiques, mais ils sont difficiles à observer. Néanmoins on peut parfaire une approche du symbolisme de Saint Merri en lisant, Huysmans, célèbre écrivain occultiste repenti, et son ouvrager Les églises de Paris [7] où, il nous livre ses impressions et parle à mots couverts du symbolisme de Saint Merri ainsi que de saint Julien le Pauvre, Notre Dame, et saint Germain l’Auxerrois.
Enfin, la crypte de Saint Merri serait par sa position géographique, le véritable centre occulte de la capitale.
[1] Martin Garay, L’église saint Merri de Paris, ACLT, 1982
[2] « Comme le coquillage, l’escargot présente un symbolisme sexuel : analogie avec la vulve, matière, mouvement, bave. » in Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1992, p. 414
[3] Ibid. p. 317
[4] Jules Boucher, La symbolique maçonnique, Dervy, Paris, 1948, p. 224
[5] Louis Pauwels, Le matin des magiciens, Gallimard, 1960, folio, 1972, p. 420, sqq.
[6] Ibid. p. 420, sq.
[7] Joris Karl Huysmans, Les églises de Paris, Paris éditions, 2005
Sources : http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/2009/05/25/13853557.html
http://nezenlair.unblog.fr/2007/04/14/saint-merri-ou-leglise-du-diable/
La tour Saint Jacques
Cette tour gothique est un souvenir du vieux Paris. Au milieu des nouveaux quartiers qui se forment, des nouvelles constructions qui s'élèvent, la Tour Saint Jacques la Boucherie représente le moyen âge du 19e siècle.
Les opinions les plus contradictoires ont été émises sur l'origine de l'église Saint Jacques la Boucherie. Ce qui ressort c'est que l'église Saint Jacques fut élevée sur le terrain d'une chapelle dédiée à Sainte Anne. Elle devint église paroissiale au commencement du 12e siècle pour la commodité des habitants du quartier des Arcis, qui se trouvait trop éloigné de l'église Saint Martin. L'église Saint Jacques la Boucherie emprunte son nom à l'invocation de la Saint Jacques le Majeur et au voisinage de la grande boucherie située derrière le Châtelet. La corporation des bouchers situés près de cette église est la deuxième corporation de bouchers de Paris en importance (1). L’église devient donc à l'usage "Saint Jacques de la boucherie".
L'église étant devenue trop petite pour le nombre toujours croissant de ses paroissiens, elle fut agrandie à plusieurs reprises et la construction ne fut terminée que sous François 1er.
Saint Jacques la Boucherie était une des églises qui jouissaient du droit d'asile (dans le monde hébreu et gréco-romain, les sanctuaires, les temples sont des lieux de protection contre les persécutions, les jugements sommaires, les vengeances, etc. Lors de l’émergence du christianisme cette fonction d’asile fut reprise pour les lieux de culte et les couvents et la tradition fut maintenu pendant tout le Moyen-Age et se maintint jusque dans les Temps modernes. Il ne fut supprimé du Code du droit canon qu’en 1983.
Elle fut vendue comme bien national en avril 1797 et démontée piere par pierre.
Sur l'emplacement de l'église on établit un marché de friperie appelé Cour du commerce.
Nicolas Flamel, écrivain juré de l'Université de Paris et libraire, que ses contemporains crurent alchimiste parce qu'ils ne surent pas découvrir l'origine de son immense fortune, Il avait son échoppe à l’ombre de l’église. Il avait fait construire à ses frais le petit portail septentrional de l'église, du côté de la rue des Écrivains. Dans le tympan de ce portail, on le voyait en effigie à côté de sa femme Pernelle, agenouillée aux pieds de la Vierge.
De par ses dons considérables Nicolas Flamel est inhumé dans cette église, comme d'autres donateurs. Sa pierre tombale y est scellée.

Tympan de Saint Jacques la Boucherie. La Vierge Marie est entourée de saint Pierre et saint Jacques. De part et d'autre Nicolas Flamel et Pernelle, les donateurs, sont agenouillés. Source Bibliothèque Nationale de France
L'actuelle tour n'est érigée qu'au XVIème siècle, de 1508 à 1522. Et son carillon est en grande réputation dans toute la chrétienté".
Un Saint Jacques le Majeur, est sculpté à son sommet ainsi que l'aigle, le lion et le bœuf symboliques. De la plate-forme, d'une élévation de 150 pieds, à laquelle on arrive après avoir monté 291 degrés, on voit, dit Sauval (avocat et historien du 17e siècle), en promenant ses regards sur Paris, la distribution et le cours de toutes les rues, comme les veines dans le corps humain.

Au moment de la démolition de l’église pendant la Révolution, la tour, devenue propriété particulière de l’entrepreneur Dubois, servit d'abord à une fabrique de plomb de chasse. Un marché de friperie est installé en lieu et place de l’église.
Le dernier propriétaire de la tour la mit en vente en 1836, époque où les archéologues, les artistes, les écrivains, Victor Hugo et sa Notre Dame de Paris avaient ressuscité le moyen âge et réveillé l'amour du gothique. L'administration municipale se rendit adjudicataire de la Tour Saint Jacques moyennant 250 000 francs.

« La Tour St Jacques la Boucherie, veuve de son église, de ses contreforts, de ses maisons qui ont dû disparaître pour le nivellement de la rue de Rivoli, ressemble, dans son isolement au milieu de la place, à ces vieillards longanimes qui, après avoir vu s'éteindre autour d'eux des générations d'amis, ont la douleurs de survivre à leurs propres ruines. Cependant rien n'a été épargné pour la restauration convenable de la Tour St Jacques la Boucherie, confiée à deux architectes, MM. Ballu et Roguet. Des plantations magnifiques ont été faites autour du monument, des fontaines ont été construites, on a rétabli au sommet de la tour la statue colossale de Saint Jacques le Majeur, les animaux symboliques, l'ange, le lion, l'aigle, le taureau sont dus au ciseau de M. Chenillon. Enfin, sous la voûte du rez-de-chaussée, on a placé une statue de Pascal, qui, comme on sait, a fait des expériences dans la Tour Saint Jacques pour déterminer la pesanteur de l'air ».

Cette tour auréolée de mystère. Les ésotéristes parisiens du siècle dernier la prendront comme emblème pour une revue d'ésotérisme "La tour Saint Jacques".
(1) Rittiez F. "Notice historique sur la tour saint-Jacques-la-boucherie" 3ème édition, Paris, 1856. Rittiez cite souvent l'abbé Villain dont il reprend les travaux.
Sources : http://hermetism.free.fr
source : Guy Joly et Journal pour tous 1856
Saint Gervais Saint Protais
De style gothique, l’église Saint-Gervais-Saint-Protais est célèbre pour sa façade classique reprenant les trois ordres de l’architecture grecque : dorique, ionique et corinthien.
La présence d’une basilique est attestée depuis le VIe siècle. L’église actuelle, l’une des plus importantes du Marais, est rebâtie à partir de 1494, probablement sur les plans de Martin Chambiges. Sa construction s’achèvera seulement en 1657, soit 163 ans plus tard.
Outre sa façade classique qui fait référence, Saint Gervais Saint Protais est remarquable pour ses stalles. Ces rangées de sièges prévues pour les moines ou chanoines se trouvent alignées dans le chœur et possèdent la caractéristique de permettre deux positions : ou bien « assise » ou bien (si le siège est relevé) debout, avec appui sur une « miséricorde ». Les stalles de "Saint-Gervais" remontent au 16e siècle.
Elles sont illustrées principalement par des motifs représentant les métiers des paroissiens de l'époque, certains censurés depuis car estimés trop licencieux (femmes dénudées, ...). Parmi les motifs, figurent également des blasons de rois de France (Henri II, François Ier) en raison de la fréquentation de l'église par la cour à la Renaissance.
Blasons royaux et métiers : croissants de lune d'Henri II, Salamandre de François Ier, bâtisseurs, agriculteur.
Miséricordes licencieuses : couple prenant un bain, médecin examinant une femme.
Les stalles présenteraient en outre les étapes de l’œuvre alchimique.
L’église nous intéresse pour d’autres particularités qui en font une escale du Paris ésotérique et insolite !
La place est réservée à un orme depuis le Moyen Age. Il est aujourd'hui censé porter bonheur, à son pied s’échangent des promesses inviolables et il est réputé pour ses forces magnétiques bénéfiques.
Un arbre magique
C’est un arbre présent sur le parvis de l’église St-Gervais-St-Protais depuis le Moyen-Age.
Adulé par les connaisseurs, des visiteurs s’arrêtent souvent pour le saluer et toucher son tronc, car c’est un arbre magique!
Cet arbre magique est réputé pour ses forces magnétiques bénéfiques. Il suffit d’apposer la main sur l’écorce. Au bout de quelques minutes, on se sent effectivement revigoré ! Effet garanti, quoiqu’inexplicable…
L’arbre de la justice
L’arbre actuel est le successeur d’une lignée d’orme qui ont occupé depuis le Moyen Âge le centre de la place. Si bien qu’on surnomme parfois cet endroit le carrefour de l’Orme.
Au Moyen-Age, les habitants du quartier avaient coutume de s’y assembler, en particulier pour le règlement de leurs créances. Il était courant de procéder à des assemblées et jugements en plein air.
L’orme d’origine représentait à lui seul plusieurs symboles : sacralisé au début du christianisme pour la couleur rouge de sa sève, comme le sang des martyrs, c’était aussi un lieu de rassemblement : on y rendait justice après la messe, sous ses ramures.
En 1314, on le signale comme lieu de supplice : Philippe et Gauthier d’Aunay, accusés d’avoir entretenu des relations amoureuses avec les belles-filles de Philippe le Bel, furent suppliciés sous ses branches.
Un arbre mythique
On venait aussi pour boire et danser les jours de fêtes. Assis sur la margelle, l’on topait pour affaire. On raconte aussi que les femmes du quartier prélevaient, secrètement la nuit, des morceaux d’écorces, utiles contre la fièvre.
L’orme occupait une place importante dans la vie des gens du quartier.
L’orme est présent sur les miséricordes des stalles du chœur de l’église Saint Gervais Saint Protais.

Un orme décore les balcons du bâtiment voisin, édifié sous Louis XV, du 2 au 14 rue François Miron.

L’orme de Saint Gervais célèbre enseigne parisienne
L’orme de saint Gervais est aussi une enseigne parisienne. L'enseigne de taillandier-quincaillier, métier traditionnel consistant à fabriquer des outils tranchants, tels que ciseaux et cisailles, est constituée d'un arbre en bois peint, au feuillage épanoui, qui s'élève sur une base de maçonnerie (réalisée en pavés de bois) simulant une margelle de puits. Cette enseigne de taillandier-quincaillier (Dherbecourt, marchand d'outils) jouissait d'une certaine notoriété. Léon Gautier, second successeur de Dherbecourt, fît don de l'enseigne au musée Carnavalet.
Plusieurs fois remplacé mais toujours là
“A la révolution, il est violemment menacé comme symbole de l’Ancien Régime. Premier Ventôse, an II : “La société populaire de la section de la Maison commune demande que l’on fasse abattre l’arbre planté par le fanatisme, appelé l’Orme de Saint-Gervais.” Cependant, nul n’est capable de préciser quand il fut effectivement abattu : pendant la Révolution ? en 1806 ? en 1811 ? ou plus récemment encore ? Quoi qu’il en soit, en 1847, le curé de la paroisse demande que les doubles rangées de platanes qui se meurent autour de la place soient remplacés par un orme.” (Robert Bourdu, Arbres Souverains)
Il est néanmoins abattu pour servir à la construction d’affûts de canons.
L’Orme actuel a été planté au début du XX° siècle, en 1936, et perpétue la tradition ainsi que les multiples représentations qui se trouvent dans le quartier.
Certaines histoires racontent qu’il fut autrefois le lieu de rencontre privilégié des Francs-Maçons, et aujourd’hui des magnétiseurs de la capitale… .
Notre Dame de Paris
Sur l’emplacement actuel de Notre-Dame de Paris, les Romains avaient édifié, dès le début de leur occupation, un monument en l’honneur de Jupiter. Des pierres furent retrouvées, en 1711, au cours de travaux effectués sous le chœur de la cathédrale et on peut toujours les voir au Musée lapidaire de Cluny.
Cybèle ou l'alchimie
Au pilier central Cybèle ou l'Alchimie nous accueille. En effet, au pied du Christ, un médaillon représente l’Alchimie sous les traits de Cybèle, symbolisant la sagesse Santa Sophia. Dans sa main droite, elle tient deux livres : l’un est ouvert alors que l’autre est fermé. Voilà qui symbolise deux voies d’accès à la connaissance. Le livre ouvert représente la connaissance visible ou exotérique, alors que le livre fermé derrière parle de la connaissance ésotérique ou connaissance invisible.

Quant à Cybèle, c’était une importante divinité de Phrygie, déesse de la nature sauvage. Son culte dépassait d’ailleurs les frontières de la Grèce et s’étendait dans tout le Proche-Orient. Elle représentait l’archétype de la Grande Mère Nature. C’est pourquoi les philosophes la choisirent pour représenter l’Alchimie. Autour de l’Alchimie, on trouve les sept arts que l’adepte doit étudier : la géométrie, la rhétorique, la grammaire, la musique, la médecine et l’astrologie, représentation que l’on identifie très bien sur le portail central de Notre-Dame.
Astrologie et zodiaque
La symbolique astrologique est très présente dans la cathédrale. Remarquez le portail de la Vierge, sur la façade ouest de la cathédrale, le zodiaque y figure, non pas sous la forme de la roue, mais sur les deux côtés de cette entrée par l’alignement des signes. Sur le côté droit, dans le sens descendant, on remarque le Cancer, autrefois nommé et représenté par l’Ecrevisse, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne. Et sur le côté gauche, on remarque, toujours dans le sens descendant, le Lion, les Gémeaux, le Taureau, le Bélier, les Poissons et le Verseau.
Si le zodiaque évoque le cycle solaire et le défilement des saisons, les symboles de Notre-Dame font également référence à la lune. Il s’agit des 28 figures représentant les rois de Juda qui s’apparentent au cycle lunaire de 28 jours, et de ce fait aux 28 maisons lunaires qui étaient très utilisées à l’époque, dont l’intérêt est par la suite tombé en désuétude.
La pierre d’angle

Fulcanelli, dans son livre Le Mystère des cathédrales, commente ce bas-relief situé dans la rue du Cloître Notre-Dame, au côté gauche de la cathédrale :
"... cette figure, destinée à représenter la matière initiale de l’Œuvre , humanisée sous l’aspect de Lucifer (qui porte la lumière, – l’étoile du matin), était le symbole de notre pierre angulaire, la pierre du coin, la maîtresse pierre du coignet. " La pierre que les édifians ont rejettée, écrit Amyraut, a esté faite la maistresse pierre du coin, sur qui repose toute la structure du bastiment ; mais qui est pierre d’achoppement et pierre de scandale, contre laquelle ils se heurtent à leur ruine."

Ce bas-relief montre la légende de Théophile, diacre envieux qui vend son âme au diable. Cette fable très populaire se retrouve sculptée dès le moyen-âge sur des porches d'église romane. Notre bas-relief se compose de trois parties et se lit de droite à gauche.
A genoux Théophile implore la Vierge Marie, mère de Jésus, de le libérer du pacte mortel pour son âme. En vendant son âme, il est mort à la vie céleste. Il ne fait plus parti des vivants. Il est damné. Son souffle, son sang, son âme ne lui appartiennent plus. Il est devenu mort à lui-même.
Seule la Vierge Marie, la mère de tous, incarnation de l'âme du monde, peut lui redonner son souffle, son âme. Nous assistons là à un drame eschatologique.
L'âme du monde semble être, pour les alchimistes, l'archétype de la puissance vitale, invisible, animatrice de tout ce qui est et vit sur terre et dans l'univers.
L’alchimiste de la tour sud
Fulcanelli commente l'alchimiste de la cathédrale, toujours dans son ouvrage Le Mystère des cathédrales (page 94, édition JJ Pauvert) :
" La cathédrale tout entière n’est qu’une glorification muette, mais imagée, de l’antique science d’Hermès, dont elle a su, d’ailleurs, conserver l’un des anciens artisans. Notre-Dame de Paris, en effet, garde son alchimiste. Si, poussé par la curiosité, ou pour donner quelque agrément à la flânerie d’un jour d’été, vous gravissez l’escalier en hélice qui accède aux parties hautes de l’édifice, parcourez lentement le chemin, creusé comme une rigole, au sommet de la seconde galerie. Arrivé près de l’axe médian du majestueux édifice, à l’angle rentrant de la tour septentrionale, vous apercevrez, au milieu du cortège de chimères, le saisissant relief d’un grand vieillard de pierre. C’est lui, c’est l’alchimiste de Notre-Dame.
Coiffé du bonnet phrygien, attribut de l’Adeptat négligemment posé sur la longue chevelure aux boucles épaisses, le savant, serré dans la cape légère du laboratoire, s’appuie d’une main sur la balustrade, tandis qu’il caresse, de l’autre, sa barbe abondante et soyeuse. Il ne médite pas, il observe. L’oeil est fixe; le regard, d’une étrange acuité (cliquer sur le lien). Tout, dans l’attitude du Philosophe, révèle une extrême émotion. La courbure des épaules, la projection en avant de la tête et du buste trahissent, en effet, la plus forte surprise. En vérité, cette main pétrifiée s’anime. Est-ce une illusion ? On croirait la voir trembler...Quelle splendide figure que celle du vieux maître qui scrute, interroge, anxieux et attentif, l’évolution de la vie minérale, puis contemple enfin, ébloui, le prodige que sa foi seule lui laissait entrevoir. "

Sources :
http://www.sylvie-tribut-astrologue.com/
http://hermetism.free.fr/cathedrale_paris_index.htm