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Eléments de visite : La Sainte Chapelle / Paris


Le moyen-âge

Il commence vers l’an 500 quand le christianisme, l’image de Dieu et du Christ se répandent en Occident.

Deux visions du moyen-âge s’imposent encore aujourd’hui :

  • Un moyen-âge obscurantiste où la religion pèse sur une population obnubilée par la peur de la fin des temps ;

  • Un moyen-âge doré avec ses églises, ses châteaux, ses légendes.

Il faut citer Raoul Glaber (moine chroniqueur, principale source des historiens pour la période autour de l’an mille / 985, après 1047) qui réunit en une seule citation restée célèbre ces deux aspects :

« Trois années n’étaient pas écoulées dans le millénaire que, à travers le monde entier, et plus particulièrement en Italie et en Gaule, on commença à reconstruire les églises, bien que pour la plus grande part celles qui existaient aient été bien construites et tout à fait convenables. Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C’était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d’un blanc manteau d’églises. Presque toutes les églises épiscopales et celles de monastères dédiées aux divers saints, mais aussi les petits oratoires des villages étaient rebâtis mieux qu’avant par les fidèles. »

C’est une période de forte croissance économique qui voit la constitution des nations avec à leur tête des rois et des dynasties qui rivalisent. L’émergence des principautés induit, outre ces rivalités dynastiques, des troubles qui s’accompagnent d’une véritable mainmise des laïcs sur les biens du clergé. Les princes finissent par mettre main basse sur les églises, les abbayes, disposent des sièges épiscopaux, s’emparent des élections épiscopales pour placer à la tête des diocèses des membres de leur famille. Il s’instaure une véritable stratégie ecclésiastique et d’une manière générale, les richesses spirituelles et temporelles attirent les grands.

A l’inverse, l’Eglise et son clergé sont confrontés à un phénomène de sécularisation qui mêle temporel et sacré avec un net relâchement de la discipline.

Devant des troubles qui s’accumulent aux alentours du 10e siècle et particulièrement à l’approche de l’an mil, chargé des peurs de la fin des temps, des élans réformateurs voient le jour :

  • de la part de la papauté :

  • du monachisme avec la fondation de Cluny en 909 dont l’indépendance (affirmée par une bulle papale en 998 et confirmée en 1024) met la force spirituelle au service de l’occident à l’abri du pouvoir laïc et de l’autorité parfois douteuse des évêques.

L’église va prendre peu à peu en charge, non pas le clergé mais la société chrétienne. Plusieurs conciles vont obliger les grands à prêter un serment de paix (Verdun sur le Doubs en 1016, Elne en 1027 qui instaure la Trêve de Dieu – interdiction de combattre pendant certaines périodes de l’année liturgique – Bourges en 1038). L’objectif étant de faire reculer la violence, l'Eglise se pose en arbitre et lance des interdits.

« Après une royauté carolingienne qui assumait une part de la Rédemption, vient une Eglise qui assume une part de l’ordre du monde ».

Jean Favier, in Le temps des principautés.

C’est dans ce climat d’un 11e siècle où la société chrétienne se construit sous l’autorité d’une Eglise porteuse d’une vérité universelle qui exclut ceux qui ne s’y soumettent pas, que l’élan des Croisades va naître.

Les Croisades

Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II, ancien moine de Cluny, réunit un concile à Clermont en Auvergne.

Le concile, essentiellement français, doit porter principalement sur les questions de discipline dans l’Eglise et sur les moyens en particulier de faire observer la Paix et la Trêve de Dieu.

A la fin du concile, il appelle les fidèles d’Occident à secourir les chrétiens d’Orient et à délivrer Jérusalem. Cet appel n’est pas le fruit d’une inspiration soudaine, il a été mûrement réfléchi et l’idée était dans l’air.

Il s’agit de :

  • Libérer Jérusalem (raison religieuse)

  • Renouer avec Constantinople afin de résorber la rupture de 1054 entre Rome et l’Eglise byzantine sur des questions de théologie (raison diplomatique) / lorsque l’empereur byzantin appelle les chevaliers d’Occident à venir à l’aide des chrétiens d’Orient malmenés par les Turcs Seljoukides, Urbain prend la balle au bond. (1071, bataille de Mantzikerk, le sultan bat et capture le basileus et prend avantage définitivement sur l’empire byzantin) ;

  • Faire respecter la Trêve de Dieu.

Il y aura 8 croisades de 1096 à 1272.

A l’issue de la première croisade, les croisés prennent Jérusalem (1099) et fondent les Etats latins de Terre Sainte.

Les états latins d'Orients

Le sac de Constantinople a lieu en avril 1204 (4e croisade) et les croisés se partagent l’Empire byzantin.

C’est dans le cadre de cette reconquête de la Terre Sainte que Louis IX va exprimer au plus haut point son idéal du roi chrétien. Il s’embarque à Chypre pour une 7e croisade (1248-1250). Il sera fait prisonnier et devra payer rançon pour se libérer.

Envoûté littéralement par son obsession de mettre ses pas dans ceux du Christ, il s’embarque ensuite à Aigues-Mortes avec 65000 hommes vers Carthage pour une 8e croisade en juillet 1270.

Affaiblit par les privations volontaires, il contracte une mauvaise fièvre et meurt devant Tunis en août 1270. S’étant fait installé sur un lit de cendres en signe de pénitence, il meurt à 15h, heure-même de la mort du Christ.

Louis IX, un règne compliqué, dans un panorama politique complexe

Petit fils de Philippe Auguste, Louis naît à Poissy en 1214, il est le fils de Louis VIII « le lion » et de Blanche de Castille, dans la lignée des capétiens directs.

Il reçoit une éducation très pieuse imprégnée de l’esprit cistercien (Cluny).

A la mort inattendue de Louis VIII, après seulement trois ans de règne, il n’a que 12 ans et la construction de la cathédrale de Reims n’est pas terminée. La régence revient à sa mère Blanche de Castille.

La reine Blanche est mal acceptée par les barons et le règne commence dans un climat houleux.

Peu à peu cependant, Louis va asseoir son pouvoir sur ses vassaux.

Son pouvoir royal, affirmé par la cérémonie du sacre, lui confère un statut spécial vis-à-vis de son peuple dont il se veut le protecteur et l’intermédiaire entre lui et Dieu.

Le pouvoir du roi de France se trouve confronté à deux autres pouvoirs :

  • La papauté ;

  • L’empire romain germanique / Le Saint-Empire romain est un regroupement politique, aujourd'hui disparu, de terres d’Europe occidentale et centrale au Moyen Âge, dirigé par l'Empereur des Romains. Il se considérait, du xe siècle jusqu'à sa suppression au début du xixe siècle par Napoléon, comme le continuateur légitime de l’Empire d’Occident des Carolingiens, mais également de l’Empire romain. L’adjectif "Saint" n’apparaît que sous le règne de Frédéric Barberousse (attesté en 1157) pour légitimer le pouvoir de manière divine.

Louis IX soutient bien évidemment le pape et pense pouvoir incarner une sorte de leadership sur la chrétienté. Pour cela il faut faire appel à la diplomatie et montrer des gestes forts. L’achat de reliques prestigieuses répond à cet objectif.

Le moyen-âge voit se répandre le culte des reliques qui confèrent protection et guérison. Elles permettent de mettre les fidèles en contact avec les vertus des saints et du Christ. Elles sont de plus sources de prestige pour ceux qui les possèdent.

La plus prestigieuse est la vraie Croix du Christ. L’invention de cette relique a été faite par Sainte Hélène , mère de l'empereur Constantin en 326. Après quoi elle recueille d’autres reliques de la Passion conservées jusque-là avec grands soin