top of page

Le masque et l'acteur : Brenda Blethyn aka Fiona Burke dans 'My Angel'

J'ai longuement analysé dans mon livre sur la filmographie de Brenda Blethyn(*), sa performance dans le film de Stephen Cookson My Angel. Elle y incarne Fiona Burke, la fantasque directrice de collège qui entretient une relation personnelle platonique quoique teinte d'indicible désir avec le professeur de religion.


Je ne reviendrai pas ici sur l'analyse que je déroule dans le livre à propos des toutes dernières scènes du film où l'on voit Fiona Burke, dans un étonnant maquillage qui n'est autre au départ qu'un masque de beauté un peu ridicule au-dessus d'une tenue d'intérieur aux couleurs tranchées. Le talent de Brenda Blethyn fait de ce moment qui aurait pu sombrer dans le pathétique une composition grandiose qui transfigure le personnage et donne pour un instant un toute autre ton au film.


My Angel, de Stephen Cookson (2011), directeur de la photographie Ollie Downey


Dans ce film où chacun cherche son ange, Eddie pour que sa mère sorte du coma, Ruppert Lambert, le professeur de religion, pour que son fils revienne, Fiona Burke elle, court après Ruppert sans savoir qui elle cherche vraiment si ce n'est sa jeunesse qui s'enfuit et un pouvoir de séduction qui lui échappe. C'est à la toute fin du film, transcandée par une interprétation sans faille d'une Brenda Blethyn inspirée, que cette directrice d'établissement scolaire un peu égarée sera consolée d'une nuit de noël solitaire en tête à tête avec un verre de whisky.


Sous ce maquillage qui tient du masque, dissimulant en les déformant les traits de son visage, la rendant quasi méconnaissable, Brenda Blethyn nous livre une chorégraphie intime où du grotesque imminent du personnage elle le mène tout à coup au sublime. Grâce à ce masque sous lequel elle cache la tristesse colorée de cette femme abandonnée à sa solitude, aidée des éclairages qui mute en une apparition blafarde ce maquillage d'auguste en celui triste et aérien d'un pierrot lunaire, l'actrice nous donne à la suivre dans une indicible partition qui nous emmène ailleurs, nous permet un rêve éveillé, nous ensorcelle un moment. Au petit matin, cette nuit transfigurée laisse la place au réel, où l'on cherche une explication tangible à l'incompréhensible merveilleux.


 

(*) Kaléidoscopique Brenda Blethyn, aux éditions calisto-235, Livre 220 pages, 17x24cm ISBN : 978-2-9572359-0-2, disponible sur commande en librairie ou sur la boutique du site calisto-235


bottom of page