Pluies sans fin... terres inondées... coeurs en crue dans un pâle février incertain...

Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s’ennuie, Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s’écoeure. Quoi ! nulle trahison ?… Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !
Paul Verlaine Romances sans paroles (1874)
Il pleut sur la Charente maritime... comme un peu partout. Et c'est plus qu'un doux bruit de pluie... Les sols spongieux finissent en véritables lacs dans les champs autour de Royan et il faudra des mois pour que la terre absorbe toute cette eau.
En déplacement à Saintes, notre petite équipe était cette semaine en reportage sous un ciel plus clément.
Nous avons pu constater à quel point le fleuve, dont le bassin couvre un large territoire depuis le département de la Haute-Vienne jusqu'à son embouchure à Port des Barques en aval de Rochefort, peut engorger dramatiquement les terres qu'il traverse. Saintes se souvient encore de la terrible crue de 1982.
Madeleine Chapsal, petite fille de Fernand Chapsal, sénateur maire de Saintes, met ses talents d'écrivaine dans une narration quasi journalistque pour raconter celle de janvier 1994 dans son livre L'Inondation :
"Il pleut toujours.
Tu sais me dit ma tante Fernande, quand j'étais petite, la Charente montait pratiquement tous les ans, il lui arrivait de venir lécher les marches du perron, laissant les trottoirs à découvert, puis elle descendait.
Moi aussi, ces dernières années, j'ai vu régulièrement la Charente envahir le quai Palissy [...] et un lac se former dans le quartier de Taillebourg, là où, l'été, paissent les vaches.
Lors d'un de mes retours de Paris, par les fenêtres du train d'Angoulême, j'avais déjà eu le sentiment de traverser un bras de mer : à certains endroits, seule la voie ferrée demeurait hors de l'eau.
Avec les haies si noires en hiver, les arbres tordant leurs branches dénudées, de grands oiseaux volant bas, à la recherche d'un coin de sol à picorer, c'était un paysage de catastrophe."
Madeleine Chapsal, L'inondation, Fixot, Paris 1994, extrait du chapitre 1.
Depuis ce jeudi lumineux où nous avons pu faire quelques photos, la pluie ne cesse d'aggraver la crue. Nous imaginons que les quartiers bas de la ville de Saintes sont maintenant les pieds dans l'eau. Même dans la ville haute, les arènes sont transformées en plan d'eau. Point de joutes nautiques, seuls les reflets des pins et des gradins perturbent la surface de cet étang éphémère.
Et vous ? Quel temps fait-il chez vous ?
Nous vous proposons de nous envoyer vos contributions qui feraient l'objet d'un regard élargi sur ce pluvieux mois de février.
Nous attendons vos envois !