Salon de lecture : Le bureau des affaires occultes, roman d'Eric Fouassier
Flâner dans une librairie offre des opportunités de lecture indéfiniment renouvelées.
Recherchant récemment de nouveaux ouvrages susceptibles de m'octroyer une saine alternative au magma de communication qui menace quotidiennement de submerger nos objets connectés, je suis rentrée à la librairie du Rivage à Royan.
Je tourne, je vire dans cet espace délicieusement envahi de cartons, de tables et de présentoirs où des centaines de livres étalent couvertures attrayantes et titres accrocheurs.
N'ayant aucune idée préconçue, je me laisse guider par les "coups de cœur" de la librairie disséminés un peu partout. Mon œil s'arrête soudain sur une couverture qui m'évoque une photographie du vieux Paris d'Eugène Atget présentant en surimpression la silhouette en redingote et haut-de-forme qui pourrait être d'un Frédéric Moreau ou d'un Lucien de Rubempré.
C'est dire si la couverture est réussie car elle a immédiatement évoqué tout un monde à la dix-neuvièmiste que je reste, et ce malgré les incursions faites dans d'autres univers et d'autres espaces-temps. Sans chercher plus loin, j'ai donc fait l'acquisition du roman d'Eric Fouassier qui a obtenu le prix Maison de la presse 2021 : Le Bureau des affaires occultes.

Il s'agit d'une enquête criminelle menée dans le Paris de 1830, au lendemain de la révolution de Juillet (Les Trois glorieuses : 27, 28, 29 juillet 1830) par Valentin Verne, jeune inspecteur muté de la brigade des mœurs à la brigade de Sûreté, celle-là même à la tête de laquelle fut nommé Vidocq en 1811.
Le livre est très bien documenté et j'y ai tout retrouvé : le boulevard du Temple et ses théâtres et autres bateleurs, le procès des ministres de Charles X qui sert de toile de fond à l'intrigue, les passages couverts et en particulier le passage Choiseul, le Paris d'avant Haussmann, fort bien décrit, obscur et malodorant, la balbutiement d'une police scientifique, le développement de la presse, ce quatrième pouvoir sans lequel Louis-Philippe d'Orléans n'aurait pu devenir "roi des Français", les fiacres, les cochers, les demoiselles de théâtre, la nouvelle bourgeoisie et ses prétentions de parvenus.
Ceux qui ont suivi calisto-235 et mes conférences sur le Paris du 19ème siècle comprendront combien j'ai pu savourer ce récit que je vous recommande.
Si vous voulez en savoir plus : Le Bureau des affaires occultes